Comment l'agro-écologie peut nourrir le monde

04 Décembre 2015 | par ecocentric | Lifestyle

Comment l'agro-écologie peut nourrir le monde

Mardi 24 novembre, dans le cadre des débats autour de la COP21, a eu lieu à l’Institut lumière de Lyon la projection des Moissons du futur, en présence de la réalisatrice Marie-Monique Robin. Comme on y était, on a eu envie de vous en dire un petit mot.

Réalisé en 2012, Les Moissons du futur interroge les différents modes d’agricultures qui à travers le monde sont destinés à nourrir l’humanité. D’un côté l’agriculture conventionnelle qui regroupe, en trois mots, engrais, pesticides et monocultures. De l’autre les modes d’agro-écologie, plus modestes et encore alternatifs, mais tout aussi productifs 

Marie-Monique Robin est une journaliste d'investigation reconnue au niveau mondial, lauréate du prix Albert-Londres en 1995, elle a depuis réalisé nombre de documentaires. Son attachement à la terre et à ceux qui la travaille lui vient de ces origines Poitevines. Fille de fermier, elle s’est longtemps interrogée sur la condition paysanne.

© Frédéric Pardon

Celle qui a consacré sa Maîtrise à l’apparition des Verts à la fin des années 70, s’intéresse depuis 2004, aux menaces qui pèsent sur la biodiversité, ainsi qu’à la puissance contestable des géants de la biotechnologie. Parmi les documentaires réalisés à ce sujet on trouve Le Monde selon Monsanto (2008, pour Arte), Notre poison quotidien (2010, pour Arte) et Les Moissons du futur (2012, pour Arte).

Le tout chimique, une supercherie mondiale

« Si on supprime les pesticides, la production agricole chutera de 40% et on ne pourra pas nourrir les gens… ». Voilà ce que tous les adeptes de l’agriculture conventionnelle clament depuis des années, est-ce là une menace ou une réalité ?

Olivier de Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations Unies, affirme le contraire. Selon lui, il est indispensable, pour nourrir la planète, de « changer de paradigme » et seule l’agro-écologie pourra à la fois relever le défi de la faim et répondre aux besoins d’une population toujours plus nombreuse.

En effet, si l’agriculture telle qu’elle est pratiquée en occident depuis 50 ans était réellement la panacée, pourquoi estime-t-on que près d’un milliard de personnes souffrent encore de malnutrition à travers le monde ? Voilà comment la journaliste nous interpelle sur l’impératif de revoir notre manière de produire de la nourriture.

En menant son enquête sur différents continents et en s’appuyant sur les témoignages d’experts reconnus (agronomes, responsables politiques et agriculteurs), le  film dresse un bilan de cette « Révolution verte » qui, objectivement, n’est pas parvenue à nourrir le monde. Pire encore, ce mode de production a participé très largement au réchauffement climatique en comptabilisant à lui seul 40% des émissions de CO2, il a aussi épuisé les sols, les ressources en eau et la biodiversité, tout  en précarisant des millions de petits paysans.

Les paysans au cœur

« On  peut  faire  autrement  pour  résoudre  la  question  alimentaire en respectant l’environnement et les ressources  naturelles, et en (re)donnant aux paysans un rôle clé dans cette évolution indispensable à la survie de l’humanité. »

Les Moissons du futur montre qu’un peu partout dans le monde, des expériences pratiquant l’agriculture familiale et biologique, et ce, sur une large échelle, sont hautement performant, autant en treme de production que d'économie.
Ainsi, la pluriculture pratiquée au Mexique (la Milpa, une culture mixte) ou au Japon (le Teikei, l’ancêtre nippon de l’AMAP), l’agroforesterie au Malawi et la méthode savante du push-pull au Kenya (association de plantes qui repoussent les parasites et insectes nuisibles, quand d'autres les attirent...) assurent aux paysans de la nourriture toute l'année et des revenus décents. Partout, des petits producteurs éprouvent les bénéfices de leur conversion à l'agriculture biologique. Une méthode vertueuse qui permet de lutter à la fois contre l'érosion, la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, avec des rendements qui s’accroissent d’années en années.

A l'issue de la projection, Marie-Monique Robin a relevé la différence d’épanouissement entre l’exploitant agricole américain et le petit paysans eco-engagé. Comment se satisfaire d’un système conventionnel très couteux (en semence, en produits chimique et en matériel agricole) qui épuise les sols, contamine les paysans et pollue l’environnement ? Petite note d’espoir, grâce à la journaliste, le céréalier américain a lancé sa reconversion ecolo, voilà qui est encourageant !

S’il est des films d’utilité publique, celui-ci en fait sûrement partie ! De ce parcours à  travers le monde, à la rencontre de ceux qui œuvrent au développement d’une agriculture saine et productive, on ressort renforcé dans nos convictions pour un monde réellement plus raisonnable et surtout plus humain. Certes les résistances restent fortes et nombre de paysans conventionnels demeurent convaincus (malgré les maladies et les difficultés financières) du bien-fondé de la révolution verte. Mais des aides, des sessions de formation, des soutiens les inciteraient certainement à la reconversion. C’est pourquoi il faut se mobiliser pour faire bouger les lignes à l’échelle des États, le temps presse !

> Pour en savoir plus, n’hésitez pas à aller visiter le site de Marie-Monique Robin.

Crédits : Google Images

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